Jeu d’adresse et de détente, il fut révélé depuis l’antiquité par les troupes armées.  Il fut de tout temps un des plaisirs du repos du guerrier. Pratiqué en Grèce antique sous le nom de « casse pot », il se jouait avec des amphores dans lesquelles on lançait des cailloux plats.  Les romains, après avoir envahi la Grèce, transplantèrent le jeu en Italie. 

Les vikings, après leurs expéditions en Méditerranée, ramenèrent le principe du jeu en Normandie. Mais, en cette province de France, le bon cidre normand était déjà stocké dans des tonneaux et non plus dans des amphores comme les vins méditerranéens. Le jeu devint « Le Jeu de Tonneau » car c’est sur des tonneaux percés de plusieurs trous que les joueurs de l’époque lançaient des pièces. Tant que les pièces jetées restaient sur le tonneau elles consolidaient le pot à gagner. Celui qui lançait une pièce dans le trou remportait le pot. 

Remis à la mode sous Louis XIV, sous le nom de « Passe-boules » ou « Jeu de Grecque », il accompagna les troupes françaises. L’écrivain Scarron, qui le décrit dans ses courriers, s’en amusait beaucoup.

 Des gravures datant de la révolution, de l’époque Napoléonienne ou de la Commune nous montrent ce jeu.  Il a aussi fait partie des amusements offerts par les guinguettes des environs de Paris. Il a d’ailleurs été immortalisé en chanson « La grenouille du jeu de tonneau », texte de Léon-Paul Fargue sur une musique d'Alfred Erik Leslie Satie tirée des Trois Mélodies de 1916. (voir le texte ci-dessous) 

Plus tard, des photos du débarquement en Normandie nous le montrent trônant au milieu des troupes.  Après la Libération, en 1944 les américains ont emmené chez eux ce jeu. Il n'est donc pas rare de le trouver dans les lieux de divertissement aux USA. 

Pratiqué dans de nombreux pays, on le trouve donc sous des formes différentes : - la grenouille est parfois remplacée par d'autres animaux, voire par des visages humains ; autrefois, la grenouille a pu être remplacée par une tête grotesque reproduisant généralement les traits d'un homme politique peu aimé ; - le nombre de trous varie ; - les matériaux varient aussi (bois, tôle..).  Il est à noter que le jeu de grenouille est aussi très joué en Amérique du Sud, sous le nom de « sapo » (crapaud) ou « rana » (grenouille).  

On raconte aussi que le plateau du jeu de grenouille symbolise les redevances que chaque citoyen se devaient de régler au Seigneur, au Roi ou à l’Etat : - pour le Roi lui-même (la grenouille), la plus grosse somme : 2000 points - la taxe sur le fonctionnement du moulin, appelée la « mouture » (la roue métallique) : 1000 points - l’impôt sur les portes et fenêtres, institué en France sous la Révolution, le 24 novembre 1798 et supprimé en 1926 (les arceaux) : 500 points - les droits de passage sur les ponts, appelée la « tonlieu » (les deux clapets en bois) : 200 points - les autres trous sont les oubliettes… si on  a omis de payer ce qui était dû !